Le secteur de la construction est encadré par de nombreuses obligations. Parmi elles, on retrouve l’assurance décennale. D’après la loi Spinetta du 4 janvier 1978, tous les professionnels exerçant dans le BTP doivent obligatoirement souscrire cette assurance. La question se pose : qu’arrive-t-il lorsque l’entreprise dépose le bilan ? La garantie décennale est-elle affectée par la liquidation judiciaire ? Explications.
Avant tout, voyons ce qu’est la garantie décennale. Cette assurance couvre les maîtres d’ouvrage, particuliers ou professionnels, en cas de malfaçon pendant 10 ans à compter de la livraison des travaux. Pour que cette garantie puisse intervenir et obliger le professionnel du BTP de réaliser les réparations, il faut que les vices ou les malfaçons affectent la solidité de l’ouvrage ou le rendent impropre à son utilisation.
D’après la loi chaque professionnel du bâtiment doit souscrire cette assurance avant l’ouverture du chantier et donc avant le début des travaux. De son côté, le maître d’ouvrage est tenu de souscrire une assurance dommages-ouvrage.
Le dépôt de bilan est engagé lorsqu’une entreprise ne peut plus faire face à ses dettes. C’est ce qu’on appelle être en cessation de paiements. Pour que l’entreprise dépose le bilan, elle doit faire une demande de constatation du dépôt auprès du greffe du Tribunal de commerce. Le cas doit être traité dans les 45 jours suivant la demande de constatation. Une entreprise qui dépose le bilan pourra être mise en redressement judiciaire ou être mise en liquidation judiciaire.
Dans le cas d’une liquidation, les actifs seront vendus dans leur intégralité, ce qui permettra le maintien de l’entreprise notamment à travers le ré-étalement des dettes. Une option à envisager suite à un défaut de paiement temporaire.
La bonne nouvelle, c’est que le dépôt de bilan n’affecte en aucun cas la garantie décennale. En effet, même si l’entreprise a fait faillite, le maître d’ouvrage peut toujours exiger l’intervention de l’assurance du constructeur pour réaliser les réparations.
Il devra faire jouer son assurance dommages-ouvrage pour obtenir une réparation rapide, sans attendre aucune décision de justice sur les responsabilités.
Enfin, pour trouver les coordonnées de l’assureur, il faudra repasser sur le contrat de louage entre le maître d’ouvrage et l’entrepreneur. S’il n’est pas possible de retrouver ces éléments, il faudra alors passer par le tribunal auquel la société est rattachée. Dans le cas d’une liquidation judiciaire du constructeur, il faudra se rapprocher du mandataire en charge de la procédure collective pour obtenir les coordonnées de l’assureur.
Cette situation s’adresse uniquement aux professionnels de la construction, il peut arriver que votre assureur fasse faillite. C’est parfois le cas des assureurs basés en dehors de la France et qui n’ont pas signé la convention CRAC. Il est malheureusement possible de vous retrouver face à un client qui demande réparation, sans assurance qui puisse intervenir et couvrir votre responsabilité décennale.
Il est donc très important de mettre en pause tout chantier en cours dès que vous apprenez la situation. Vous devrez nécessairement trouver un autre assureur qui couvrira votre repsonsabilité décennale. Sans cette couverture, vous aurez à régler vous-même les frais de réparation et d’indemnisation, ce qui peut coûter très cher.
Bon à savoir : la garantie décennale n’entre pas dans le champ d’action du FGAO, dont le rôle est d’indemniser les assurés en cas de défaillance de l’assureur.